Un énième acte d'insolence à l'égard du peuple tchadien

Publié le par Liberté pour IBNI OUMAR

 

            Ce général qui règne sur le Tchad depuis 20 ans, c’est la caricature des pays africains tropicaux où l’éternisation au pouvoir est de mise.

Jeune Afrique, journal pseudo-africain adepte de l’embellissement de la vie politique des dictateurs, nous a sorti ce lundi 13 juillet 2009, une interview insultante pour le peuple tchadien qui comprend la crise profonde qui affecte notre pays depuis plus de 40 années.

Ce journal nous décrit un Président soit disant apaisé, on redécouvre un Idriss requinqué et optimiste sur son avenir et sur celui du Tchad. Ce Président que le commun des tchadiens sait sanguinaire, mafieux et autocrate est montré comme une icône, un exemple de démocratie et de probité.

Un homme qui a choisi de s’armer à outrance avec les revenus pétroliers, laissant le peuple livré à son propre sort, encourageant son clan à terroriser la population et à l’avilir au besoin.

La satisfaction du peuple est reléguée au second rang. Bien entendu, nous sommes conscients que la paix est gage de développement. Mais une question se pose, qu’est ce qui a mené les tchadiens à la guerre ? la réponse est toute faite, c’est Idriss et son clan : leur avidité, leur barbarie vis-à-vis d’un peuple désarmé et dans le désarroi. La recherche de la paix serait possible que dans la mesure où les belligérants et surtout le régime Itno se plie à de vraies exigences démocratiques et au-delà de cela, à des exigences de transparence tant dans l’économie, dans la politique que dans les relations entre citoyens. Ce serait en quelque sorte le (re) création d’une Nation tchadienne, la vraie.

Le développement d’un pays ne se résume pas à l’élaboration ou à l’émergence d’infrastructures de façade. C’est tout un processus où le peuple tout entier, les partenaires de tous bords sont associés dans un projet commun, créant par là même la richesse et donc le développement à longue échéance.

Le fait qu’Idriss soit en position de force ne fait pas de doute mais importe peu. Le Président prétend protéger le territoire et la population contre une soit disant agression extérieure. Mais la population n’a rien à craindre à notre avis d’une rébellion, ceux qui on quelque chose à craindre c’est ceux là qui ont profité ou qui profitent du système, le clan et ses protégés.

La venue en 1990 du MPS n’a pas pour autant stoppé les exactions, les guerres et autres conflits. La paix n’a toujours pas été retrouvée. Ceux qui se sont opposés au régime ont perdu tout simplement la vie, il ne reste plus que les opportunistes et ceux qui se sont résignés, ceux qui ont baissé les bras. On n’est pas de ceux là.

Idriss nous parle d’un dossier confié aux Nations Unies, ne serait-ce pas plutôt son ami Kouchner qui aurait pris en main le problème tchadien auprès de l’institution New-Yorkaise. Toutes ces organisations ne réagissent pas car les faits sont connus. Nous avons à faire à un dictateur qui déverse ses pétrodollars engageant les services de la diplomatie française pour engager des actions auprès des Nations-Unies, donnant l’occasion à des journalistes corrompus de lui redorer le blason. Idriss est le parfait exemple de danger pour la démocratie et pour les droits de l’homme au Tchad et dans la sous région. Les illustrations de ses dérives sont légion :

  • En matière de démocratie, tout est clair comme l’eau de roche. Cela fait 20 ans que l’on est gouvernés par une personne. Où est l’alternance ? ce régime clanique a truqué les différentes élections avec l’aide d’une France active dans ce pays qui recèle de richesses énormes.

  • En matière de droits de l’homme, des personnalités importantes, des intellectuels qui constituaient une vraie valeur ajoutée pour le pays ont été froidement assassinés par des gens du clan au pouvoir.

Idriss nous parle de sabotage des infrastructures et de l’administration publique. Il nous parle surement des immenses villas appartenant à ses cousins, oncles et enfants. Quant à l’administration, on sait de par le monde la corruption qui y règne. Les enfants du clan passant au besoin par l’Ecole Nationale d’administration et de Magistrature sans en avoir ni la capacité ni les compétences peuple et souille cette administration estropiée.

Les 700 morts sont l’œuvre des hélicoptères, fruits de la souffrance du peuple, qui a achevé le travail d’asphyxie en tirant sur les citoyens sortis applaudir la rébellion salvatrice. Le premier ministre et son ministre de l’intérieur ne disaient-ils pas à la fin des combats que les civils retrouvés gisant dans les rues étaient des rebelles et que l’armée gouvernementale, que dis-je la garde républicaine avait fait son travail, tuer des tchadiens une fois de plus. De plus il nous explique une soi-disant migration d’arabes vers le Darfour. Le tchadien n’est pas dupe : la première vague a émigré au début des années 50 pour fuir la famine tandis qu’une deuxième vague a suivi dans les années 79-82 après la prise de pouvoir des FAN, et ceux qui connaissent cette histoire ne pourront la contredire. S’ils se sont retrouvés au Soudan, ce n’était qu’un concours de circonstances.

Quand le clan et les proches de Déby ont fait une politique d’annexion contre les peuples de l’est de Tchad et en particulier l’occupation forcée des terres proches de Guéréda, le Président dictateur n’en a touché mot.

Dans l’affaire Ibni Oumar, Idriss est confiant grâce au soutien de la France qui a dû lui donner des garanties en échange de concessions diverses. Les organisations des droits de l’homme, la communauté internationale, le rapport de la commission d’enquête diligentée a clairement défini les responsabilités. Idriss a dès sa sortie après les évènements de février avoué qu’en marge des 700 morts, un opposant aurait perdu la vie, c’est une déclaration grave que personne n’a vraiment pris le temps d’analyser. Idriss savait déjà que le Pr. Ibni Oumar était décédé. Il ne reste plus qu’à savoir les conditions dans lesquelles il a été détenu et comment Idriss et son clan lui ont donné la mort. Idriss ne se reproche rien dans cet acte odieux parce que c’est bien un tueur sans remords ni pitié. Il est allé jusqu’à dire que l’assassinat de son opposant le plus farouche n’était qu’un détail. Des preuves on en a plus besoin. Les déclarations du président tiendraient lieu de d’aveux de culpabilité. Dès lors, on ne peut plus parler de fantasmes ou de déduction. En procédant par élimination, l’opposant qu’Idriss déclare mort lors de sa sortie après la bataille de N’Djamena.

Le Pr. Ibni Oumar, brillant universitaire ayant choisi la politique de la droiture ne pouvait qu’inspirer le respect. Idriss devait également éprouver la crainte qu’un jour cet homme intègre qui lui disait les vérités en face ne le tue politiquement. Son courage politique lui a valu la haine de la part de tout un clan, de tout un système qui tourne à plein régime : corruption, malversations financières et terrorisme par la force des armes. Une machine dictatoriale soutenue par des gouvernants français achetés à coup de pétrodollars et de contrats alléchants. Idriss a profité du chaos régnant au retrait des rebelles de la capitale aidé de ses conseillers français pour mutiler l’opposition démocratique. Une opposition qui désormais est égarée et pur symbole, symbole de la lâcheté et de la cupidité de l’homme.

Le 3 février 2008, aidé des COS, Idriss a repoussé les rebelles, enlevé le danger que représentait l’opposition civile en assassinant le Pr. Ibni Oumar et renforcé son pouvoir avec un simulacre de dialogue en offrant des postes ministériels à quelques opposants véreux et vénaux. En posant ces actes, il a obtenu un moment de répit. Il est donc normal qu’il se sente apaisé et confiant pour son avenir. Tout de même, il faut qu’il sache que tout cela n’est qu’éphémère et que d’autres tchadiens épris de paix, de justice et de démocratie attendent patiemment à sa porte et la décadence de ce régime est proche et ce jour là, ils se retrouveront face à leurs démons.

Il est un fait qu’Idriss n’a jamais été le partisan du dialogue, essayant par tous les moyens de soudoyer les dirigeants politiques.

Jeune Afrique amuse la galerie en prétendant que Lol Mahamat Choua représenterait une menace pour Idriss. A 70 ans, ce personnage de la scène politique tchadienne sait pertinemment que sa carrière tend à sa fin et que ce n’est pas sur lui que les tchadiens peuvent miser pour quelque changement que ce soit. Il dirige un parti essoufflé qu’il a sucé jusqu’à la moelle. Cet homme est devenu l’ami du Président, se faisant rouler à souhait ou payer pour son silence et même pour faciliter des mascarades électorales. Les proches d’Ibni Oumar ont toujours soutenu qu’il avait vu Ibni Oumar à son arrivée dans les geôles de Déby, Lol l’aurait avoué à certains de ses proches puis s’est rétracté sous la pression du clan : lâcheté, achats de conscience, coup monté…l’avenir nous en dira plus.

Qui croit pouvoir discuter avec Idriss se met un doigt dans l’œil. Cette personne a toujours prétendu s’éterniser au pouvoir. Ibni Oumar qui a toujours prôné le dialogue et la transparence dans les élections en a fait les frais, s’opposer au clan c’est s’attendre à des représailles sans limites. Ibni Oumar a toujours dit à ses proches qu’un jour il paierait de sa vie son sacrifice pour la promotion de la démocratie et des libertés. Au Tchad et qu’un tel combat méritait qu’on le continue jusqu’au bout. La route est longue mais la fin est proche. Idriss prétend que l’opposition est dispersée, c’est un fait puisque nombreux sont les partis satellitaires sous la coupe du régime mis en place pour déstabiliser l’alternance et l’opposition : la CPDC, cet organe a trahi le peuple, a foulé du pied son porte parole et n’a pas eu le courage politique qui lui incombait après l’enlèvement d’Ibni Oumar. Quelques ténors soi-disant ont accouru aux portes du Palais Rose pour quémander des postes ministériels. Dès le départ, il y avait des taupes, l’actuel ministre de la justice bien placé pour élucider les cas Ibni Oumar se reconnaitra, il y avait ceux qui partageaient les plaisirs d’absinthe du président qui s’approprient des rôles de chefs de file d’une opposition éclatée et meurtrie depuis l’absence de son porte parole.

Si Idriss n’est pas un tueur, c’est que l’on n’a pas besoin de juger Habré pour quelques crimes que ce soit .Idriss était à cette époque l’homme de main, le conseiller à la sécurité, le SS de service qui exécutait les basses besognes : l’orchestration de l’arrestation et de l’assassinat de Sidick Fadoul Kitir, l’horreur de Septembre noir, les massacres du Ouaddai, la répression du soulèvement Hadjerai…On ne connait aucun Déby ayant péri dans la geôles de Habré, on ne connait aucun Déby Intellectuel. Au Tchad, qui n’a pas perdu un oncle, un frère, un père du fait de Déby et de son clan. Il faut arrêter de nous mener en bateau et d’utiliser des journaux propagandistes qui excelle dans les louanges aux dictateurs pour faire passer un message qui sonne faux et qui insulte tout un peuple. Idriss n’est pas un tueur, qui a assassiné la soixantaine de prisonniers combattant du CDR après la bataille de Mireck pour venger la disparition d’un quelconque Hamit Déby, Com-bataillon d’une bourgade du Nord est tchadien.

L’argent du pétrole sert au clan au pouvoir. Ils s’arment à n’en plus finir, se construisent des villas somptueuses et s’enrichissent au mieux. L’administration de cette manne pétrolière est confiée à des gamins de la famille peu instruits et incompétents.

Enfin, cet argent permet d’avoir le soutien indéfectible d’une France en proie à la crise financière. Idriss nous parle de fournitures d’informations mais la France a également fourni des armes en provenance de Lybie et d’Israel. S’agissant de la rébellion tchadienne, on aurait du mal à la considérer comme une agression extérieure, les protagonistes étant des personnalités ayant exercé des responsabilités dans le pays. Ceux là ont compris qu’Idriss ne connait pas le dialogue pacifique mais plutôt celui de la force.

Idriss s’est livré à un exercice de contorsionniste, essayant de se rassurer au vu de ses erreurs durant 20 ans de règne. L’affaire Ibni Oumar lui pend au nez et a paralysé l’opposition qui a perdu de sa crédibilité devant le peuple. La famille d’Ibni Oumar mène un combat mais au-delà de la bataille judiciaire, un autre combat naitra bientôt. Les traditions tchadiennes, celles de l’est en l’occurrence ont traversé le temps et subsistent encore. Comprendra celui qui voudra…

 

Mohamed Saleh Ibni Oumar

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